Dumoulin explique sa décision de faire une pause

Tom Dumoulin (30 ans), ancien lauréat du Giro, a décidé de s’éloigner temporairement du cyclisme. Le coureur néerlandais évoque le besoin de faire une pause pour s’interroger sur ce qui le rend vraiment heureux.

Tom Dumoulin, pourquoi avez-vous décidé de faire une pause dans votre carrière cycliste ?
Depuis quelques mois, un an pour être précis, c’est très dur pour moi de retrouver le Tom Dumoulin cycliste. Il y a la pression, les attentes. Je veux bien faire pour tellement de gens. Je veux rendre l’équipe et les sponsors heureux. Je veux rendre ma femme et ma famille heureuses. Tout le monde, mes coéquipiers aussi. Mais à cause de ça, je me suis perdu cette année. De quoi ai-je envie ? Que veut Tom Dumoulin dans sa vie ? Cette question est remontée à la surface depuis quelques mois. Je n’ai pas trouvé le temps d’y répondre, car la vie d’un coureur est trop chronophage. Il y a sans cesse un TGV à prendre pour filer vers le prochain camp d’entraînement, la prochaine course ou le prochain objectif. Pourtant, je me pose cette question, sans avoir le temps d’y répondre. Est-ce que je veux toujours être cycliste ? Si oui, quel cycliste ? Si je veux gagner le Tour de France, comment dois-je travailler pour y parvenir ? Et franchement, maintenant, j’ai le sentiment de ne plus savoir quoi faire, ni comment. Les autres y répondent pour moi, car je veux bien faire pour eux. Et c’est contre-productif. D’abord, ça ne me rend pas heureux. Petit à petit, ça m’a rendu malheureux. C’est dommage. Rien de bon ne peut sortir de ça. C’est pour ça que je fais une pause. Je ne sais pas où ça va me mener. Mais je vais parler à des gens, en appeler certains. Je vais penser à tout ça, sortir mon chien pour faire une promenade, chercher ce que je veux faire en tant qu’être humain, et cycliste. Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? J’ai pris la décision hier. L’équipe me soutient, ça fait du bien. J’ai l’impression qu’on m’a enlevé un poids de 100 kilos sur mes épaules. Je me suis réveillé heureux, enfin. Et ça fait du bien de sentir que j’ai du temps pour moi. Je pense que ça résume tout.

Etes-vous un peu triste tout de même ?
Je ne ressens pas de tristesse, pour le moment ça fait juste du bien.

Pourquoi prendre cette décision maintenant, au lendemain de l’annonce par Jumbo-Visma que vous feriez le Tour de France aux côtés de Roglic et Kruijswijk ?
Pendant si longtemps, j’ai fait attention à l’avis des gens, à ce qu’ils allaient penser. Au final, que ce soit l’équipe, mes partenaires ou moi-même, on est tous perdants de rester dans cette situation. Si c’est pour finir douzième du Tour de France et cinquième des Jeux Olympiques, quel intérêt ? Et ça n’aidera personne. Je suis resté avec trop longtemps avec tous ces doutes dans ma tête.

La pression est-il trop forte sur vos épaules ?
Il y a quelques années, j’ai eu de bons résultats et je suis devenu le grand Tom Dumoulin pour les gens. Le grand cycliste néerlandais, le coureur de l’avenir. Mes proches, mon équipe, tout le monde avait tellement d’attentes. Vous savez, en tant qu’athlète de haut niveau, la plus grande pression, c’est celle que vous vous infligez. Vous avez très envie de réussir, et c’est déjà stressant. Alors quand les gens en veulent plus, vous avez l’impression que vous pouvez leur dire : de quoi vous vous mêlez ? Ça ne vous regarde pas. Mais le faire vraiment, ça a été plus compliqué que ce que je pensais. Et ça n’a que trop duré. Je dois faire le point. Peut-être que je veux toujours être cycliste mais je dois le vouloir pour moi et ne plus me préoccuper de ce que veulent les autres. Je prends du temps pour y penser.

Source : Sports.fr

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.