La triche dans le sport: les gants de boxe trafiqués

Sport séculaire, la boxe a été marquée par différentes affaires de triche ces dernières décennies. Avec les gants comme instruments du scandale.

Mohamed Ali-Sonny Liston (1964)

Si les deux combats entre Cassius Clay alias Mohamed Ali et Sonny Liston sont toujours, plus de 50 ans plus tard, aussi controversés, ce n’est certes pas en raison de gants  prétendus trafiqués.

Le premier combat, en 1964, qui allait permettre à celui qui était encore appelé Cassius Clay de ravir le titre de champion du monde des poids lourds a en effet bénéficié d’une blessure à l’épaule de Sonny Liston. Blessure si suspecte qu’elle allait déclencher une longue enquête du FBI aux conclusions très vagues. Lors de la revanche en 1965, Sonny Liston est cette fois mis K.O. dès la première reprise par une droite de Mohamed Ali. Un coup fulgurant rebaptisé par certains le «coup fantôme», convaincus que Sonny Liston n’a pas été touché.

A ces deux épisodes entrés à la postérité s’ajoute donc une affaire de gants trafiqués. De nombreux analystes sont en effet convaincus que l’entourage de Sonny Liston a volontairement badigeonné les gants du natif de l’Arkansas de crème cicatrisante lors d’un temps-mort dans le quatrième round afin de troubler la vue de son adversaire. A la fin de la cinquième reprise, Cassius Clay assure d’ailleurs à son coin ne plus rien voir et est tout près d’abandonner.

Une version contestée par les proches de Sonny Liston qui affirment en effet que c’est la crème appliquée par le propre entourage de Cassius Clay sur les blessures du champion olympique de 1960 qui s’est retrouvée dans ses yeux au gré du combat.

Luis Resto-Billy Collins Jr (1983)

Affiche secondaire au programme de la soirée organisée au Madison Square Garden autour du choc entre la star panaméenne Roberto Duran et le champion du monde américain Davey Moore, le combat opposant le Portoricain Luis Resto et l’Américain Billy Collins Jr est finalement resté à la postérité.

Précédé d’une flatteuse réputation et promis à un avenir glorieux, Billy Collins Jr, alors âgé de 21 ans et invaincu après 14 combats, est pourtant dominé par son adversaire. S’il parvient à rester debout durant les 10 rounds du combat, le natif de Nashville est saoulé de coups et perd aux points, à la décision du jury.

Mais si tôt la fin du combat, le père et entraîneur de Billy Collins Jr se rendit compte que les gants de Luis Resto avaient été trafiqués puisque du rembourrage avait été enlevé. Il s’avéra par ailleurs que du plâtre avait été ajouté aux bandages des mains du Portoricain. Deux altérations qui reviennent à combattre à mains nues.

Les conséquences de ce combat ont été  terribles. Tandis que Luis Resto et son entraîneur Carlos Lewis, instigateur de cette tricherie, ont été bannis à vie du monde de la boxe et écopé de légères peines de prison, Billy Collins Jr, touché à la rétine, perdit l’usage d’un œil et dut arrêter sa carrière. Devenu alcoolique, il perdit la vie dans un accident de voiture qui s’apparente à un suicide pour ses proches.

Miguel Cotto-Antonio Margarito (2008)

Détenteur de la ceinture WBA chez les welters, invaincu en 32 combats et numéro un de sa catégorie, Miguel Cotto est considéré en 2008 comme l’un des meilleurs boxeurs du monde. Après avoir déjà défendu à quatre reprises son titre conquis dix-huit mois plus tôt, le Portoricain part logiquement avec les faveurs des pronostics au moment d’affronter l’expérimenté mexicain Antonio Margarito, certes réputé pour sa combativité malgré ses cinq défaites en 41 combats.

Si le début du duel entre les deux hommes est conforme aux attentes, Miguel Cotto faisant valoir sa mobilité et son aisance technique, la physionomie du combat change peu à peu. Et pas seulement en raison de l’avantage de taille d’Antonio Margarito. La violence des coups du Mexicain entame également la résistance de son adversaire. Le Portoricain fait pourtant montre d’une incroyable combativité. Malgré un visage tuméfié et d’impressionnantes boursouflures, il refuse d’abdiquer. Contraint de mettre un genou à terre à deux reprises, Miguel Cotto est finalement arrêté par l’arbitre.

Élu combat de l’année et surnommé «The battle», ce combat d’une rare intensité  marque les esprits comme rarement. «C’est le combat le plus violent que je n’ai jamais vu», assure son arbitre Kenny Bayless. Mais la lecture de ce duel homérique ne sera plus la même, un an plus tard alors qu’Antonio Margarito s’apprête à affronter Shane Mosley. L’entraîneur de ce dernier constate en effet avant le combat que les bandages du Mexicain sont bien plus durs qu’à la normale. Et pour cause: il ont été trempés dans du plâtre !

La sanction ne se fait attendre et Antonio Margarito écope d’un an de suspension. Et il ne fait dès lors guère de doute que le Mexicain et son entourage n’en étaient pas à leur coup d’essai. Des bandages trempés dans le plâtre expliqueraient les dégâts occasionnés sur le visage de Miguel Cotto, ce que semblent d’ailleurs confirmer certaines images à la fin du combat. Le camp du Portoricain réclame et obtient une revanche, cette dernière tournant à l’avantage du natif de , vainqueur par KO technique au 10e round.

Source : Sports.fr

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