Dumoulin: « On va atteindre les 200 000€ sans problème ! »

Gardien de Nantes et de l’équipe de France,  Cyril Dumoulin est à l’origine d’une initiative exceptionnelle qui va permettre de récolter des fonds pour le personnel hospitalier via des enchères pour des tenues sportives. Une cagnotte proche des 160 000€ et qui continue de s’envoler avec l’afflux de dons de nombreux sportifs de tous horizons. Pour aller enchérir sur un lot, c’est par ici.

Comment avez eu l’idée de lancer cette vente aux enchères en faveur des services hospitaliers ?
En fait, je fais des ventes solidaires depuis deux ans via ma boutique myhandball. C’est une boutique classique sur internet mais de temps en temps on l’animait avec des ventes solidaires où je vendais mes dotations, mes affaires d’entraînement et celles de joueurs, de coéquipiers au profit d’une association. Je le faisais depuis longtemps et après quelques jours de confinement je me suis aperçu que j’avais pas mal de choses en stock et je me suis dit pourquoi ne pas tout vendre d’un coup pour le personnel soignant qui est en train de se battre pour nous. C’est comme ça que l’histoire a commencé, en vidant un garage !

Vous ne pensiez sans doute pas que cela prendrait une telle ampleur ?
Non, pas du tout. C’était impossible à anticiper même si ça peut s’expliquer.

Savez-vous comment cette idée a pu grandir si vite ?
Ceux qui m’ont aidé dans cette histoire, c’est Yohan et Fred, deux connaissances qui se sont beaucoup mobilisées et qui ont monopolisé des amis journalistes et cela a mis en place une forme de cellule de recrutement avec des personnes qui ont fait tourner leur réseau, qui se sont appuyés sur Twitter notamment. Ils ont lancé le mouvement à mes côtés et cela a permis d’aller chercher les premiers joueurs de foot et autres, et de fil en aiguille ça s’est mis en place derrière.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
C’est l’ampleur de la mobilisation, cet engouement. Une des choses qui fait le plus plaisir c’est qu’il y ait autant de sports différents qui soient mobilisés de manière aussi rapide, aussi naturelle et parfois de leur propre initiative. Plus ça va et plus ce sont les sportifs qui se manifestent, sans avoir besoin de les solliciter. C’est sympa aussi de voir des anonymes, des particuliers qui mettent en vente des maillots portés, des maillots avec une vraie symbolique et c’est forcément plus rare pour ces particuliers qui n’auront pas accès à ces maillots dix fois dans leur vie mais qui n’hésitent pas à s’en séparer pour cette cause.

Il y a aussi l’exemple de la tenue d’Alexis Vastine…
C’est un superbe geste avec une très forte symbolique et qu a généré beaucoup d’émotions du début à la fin.

« Il y a des sportifs qui mettent en vente des pièces rares »

Quel est le montant de la cagnotte actuellement ?
On doit être à 160 000 euros. C’est pas mal mais je pense qu’on va avoir la possibilité de monter encore plus haut et d’atteindre les 200 000 euros sans problème. C’est un objectif un peu fou mais ça va être réalisé et je pense qu’on va le dépasser assez largement.

Il y a notamment de grosses enchères qui s’envolent !
Oui, il y a des sportifs qui mettent en vente des pièces rares. Cela permet à certaines enchères de monter mais ce ne sont pas de simples maillots. Il y a des tenues avec des histoires, je pense notamment à celle de Thibaut Pinot, ce n’est pas seulement un maillot avec lequel il a couru, c’est celui avec lequel il a remporté l’étape du Tour de France au Tourmalet, ça a été un moment fort du dernier Tour de France. Il y a aussi Jean-Michel Bazire qui est très éloigné de tous les médias depuis quelques temps mais qui, devant cette situation, a accepté de s’exposer à nouveau.

Vous organisez des stages, vous avez écrit des livres, ouvert une boutique en plus d’une carrière de handballeur, comment est-ce possible de tout gérer ?
J’ai la chance d’être extrêmement bien entouré, ma femme m’aide beaucoup, mon associé, Baptiste Ferry, aussi. On gère les stages et la boutique internet notamment. A nous trois, on arrive à gérer beaucoup de choses et ensuite c’est juste de l’organisation. Il faut savoir prioriser et hiérarchiser. Mais le vrai secret c’est d’être bien entouré.

« J’ai déjà joué à Miami devant 200 personnes, c’était presque un huis clos »

En ce qui concerne le handball, la saison est terminée. Comment avez-vous vécu cette interruption ?
Je n’ai pas trouvé ça brutal, c’était logique et même attendu. La situation ne pouvait mener qu’à une décision comme celle-là. On la voyait clairement se dessiner, mais c’était tout à fait logique à mes yeux. C’était une évidence que ça allait se terminer comme ça.

Vous l’avez imaginé immédiatement ?
Il fallait anticiper que ça reprenne ou pas, notamment en raison des enjeux économiques. Il fallait d’un côté espérer et construire pour être réactif et prêt si le feu vert était donné mais il fallait aussi anticiper le cas où ce ne serait pas possible. Tout se passe de manière construite pour l’instant, ça a été parfaitement anticipé par tous les acteurs.

En suivant cette logique, la reprise de la prochaine saison pourrait s’effectuer à huis clos, qu’est-ce que ça vous inspire ?
Les instances sanitaires décideront des possibilités ou non, ce sera aussi aux instances sportives de voir s’il faut faire jouer les matches à huis clos ou pas car sur le plan économique, cela veut dire moins d’entrée d’argent. Il y a plein de paramètres à prendre en compte. En tant que joueurs, on ne fait pas partie des décideurs même si on est consultés, mais il faut avoir l’ensemble des paramètres sous les yeux pour décider. Si ça doit être à huis clos, ce sera à huis clos. La première chose qui m’intéresse, c’est de savoir quand on pourra reprendre l’entraînement et la compétition, pour ce qui est des circonstances, on s’adaptera. On est dans une phase où tout le monde, sportif ou pas, doit s’adapter et accepter les conditions exceptionnelles dans lesquelles on pourra reprendre.

Avez-vous déjà joué des matches à huis clos ?
J’ai déjà joué des matches avec très peu de personnes, je connais un peu. J’ai joué à Miami en Coupe de la Ligue (avec Chambéry) dans une salle de 10 000 places avec 200 spectateurs, c’était presque un huis clos, c’était un peu étrange… Mais on saura s’adapter, ce sera différent pour les deux équipes. Il manquera quelque chose, c’est certain mais il n’y aura pas de problème d’équité sportive.

Les Jeux Olympiques ont été décalés, quelle est votre sentiment par rapport à l’équipe de France ?
Rien n’a changé, je suis prêt à tout donner pour y prétendre, je suis en attente du regard et du jugement du nouveau sélectionneur (Guillaume Gille a remplacé Didier Dinart après l’Euro 2020). On ne peut pas dire que tout est remis à zéro, ce n’est jamais le cas mais on partira sur une nouvelle saison avec une nouvelle occasion de s’exprimer et de se montrer pour prétendre à cette place.

Avec une énorme envie…
Bien sûr, elle ne peut être que présente quand on parle de l’équipe de France, la meilleure équipe de handball de tous les temps.

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Source : Sports.fr

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