DOSSIER. Rentrée 2024 : la Nouvelle-Calédonie, qui attend près de 63 500 élèves, a fixé les priorités

A l’heure de la rentrée, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et le vice-rectorat annoncent la couleur. Priorités pour l’année scolaire 2024 ? Pas de révolution mais une certaine continuité dans les objectifs fixés. Mieux acquérir les savoirs fondamentaux et en particulier les mathématiques, lutter contre le décrochage, les inégalités et le harcèlement, valoriser le métier d’enseignant… Mais aussi accompagner les Jeux Olympiques.

À compter de ce lundi 12 février, reprise échelonnée pour près de 63 500 écoliers, collégiens ou lycéens. Plus d’un Calédonien sur cinq va faire sa rentrée scolaire. La Nouvelle-Calédonie attend cette année 63 495 élèves :

25 520 dans le premier degré public (de la maternelle au CM2).
22 270 dans le second degré public (collèges et lycées).
6 860 dans le premier degré privé (Ddec, ex-Asee, Felp).
8 380 dans le second degré privé.
Et 465 dans le privé hors contrat.

Des chiffres provisoires, qui seront ajustés après la rentrée. 

Le gouvernement et le vice-rectorat ont précisé leurs priorités de l’année, pour tous ces élèves, leurs enseignants et le système éducatif calédonien. Elles s’avèrent dans la continuité des rentrées précédentes. Avec, en tout premier lieu, l’acquisition de ce qu’on appelle les fondamentaux, au primaire comme au secondaire. Mieux apprendre à lire, écrire et compter, notamment pour prévenir les phénomènes d’illettrisme et d’innumérisme. « En français, les résultats se sont bien améliorés », remarque la membre du gouvernement chargée de l’enseignement, Isabelle Champmoreau. « On est à peu près dans la moyenne de toutes les académies. » Mais pas sur les maths.

En mathématiques, il y a encore beaucoup à faire. 

Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, en charge de l’enseignement

Selon les derniers chiffres, les bases des maths ne sont maîtrisées que par 42 % des élèves entrant en sixième. Dans le premier degré, « on a impulsé un travail très important là-dessus depuis deux ans », insiste Romain Capron, directeur de l’enseignement de la Nouvelle-Calédonie. « Ça passe par la modification de la formation des enseignants, continue mais aussi initiale. Sur les fondamentaux français / maths, on a revu entièrement la carte de formation. On escompte un effet positif mais ça ne peut pas se faire en un ou deux ans. »

Autres dynamiques destinées à « mener une vraie bataille pour réarmer nos enseignants » : des enseignements axés en priorité sur le français et les mathématiques. Ou un pilotage des classes en fonction des évaluations, dans le but d’intervenir d’une façon adaptée aux besoins de chaque enfant. 

« Les évaluations nationales de sixième montrent, notamment en maths, des contre-performances », renchérit le vice-recteur, pour le secondaire. Afin de parvenir à consolider ces savoirs de base, « nous voudrions renforcer notre lien avec le premier degré”. Didier Vin-Datiche évoque aussi la problématique des nombreux petits collèges éloignés. Si on reprend les évaluations à l’entrée en sixième, les établissements qui obtiennent des résultats inférieurs à la moyenne calédonienne sont notamment les quinze collèges considérés les plus isolés du pays, qui appartiennent à des territoires peu favorisés.

« On va chercher à les aider en signant, avec un certain nombre d’entre eux, des contrats locaux d’accompagnement, annonce-t-il. Ils contiendraient notamment une mise à disposition d’une expertise plus grande de nos inspecteurs de français et de maths, en rapport avec les maîtres du premier degré et les professeurs du second degré, qu’on pourrait faire travailler ensemble.” 

Conférence de presse de rentrée, pour les instances éducatives calédoniennes, le 9 février 2024, au lycée du Mont-Dore. • ©Françoise Tromeur / NC la 1ère

Dans le même ordre d’idée, un “territoire éducatif” doit se mettre en place, dans les mois prochains, à Houaïlou. « C’est lorsque tous les partenaires de l’école s’associent avec l’école, pour mieux prendre en charge le parcours de l’élève, depuis ses trois ans jusqu’à ses seize ans voire ses dix-huit ans”, décrypte Didier-Vin-Datiche. Cette expérimentation commence avec une partie de la côte Est qui se caractérise par un fort indice d’éloignement et une population scolaire confrontée à d’importantes difficultés, d’ordres divers. Le collège de Waa Wi Lûû présente, selon les instances éducatives, « un ensemble d’indicateurs préoccupants et un niveau scolaire extrêmement faible ». Il doit bénéficier de financements supplémentaires. 

Autre grand chantier mis en avant par le gouvernement et le vice-rectorat, la lutte contre le décrochage scolaire. Plus de 300 jeunes Calédoniens seraient actuellement hors du circuit éducatif, en particulier des garçons. Lors de la conférence de presse conjointe tenue vendredi, au lycée du Mont-Dore, le vice-recteur a par exemple pointé une réalité de la filière professionnelle. Entre 2022 et 2023, le taux de réussite aux examens a augmenté, pour le brevet, le bac général et le bac technologique. En revanche, celui du bac pro a perdu plus de 3 % (68 % au lieu de 71,2 %). Une des raisons avancées : beaucoup d’élèves inscrits en février ne se présentent pas aux épreuves de décembre – ce qui est éliminatoire. Y compris certains qui décrochent au tout dernier moment. 

On est en capacité, en 2024, d’augmenter sensiblement le taux de réussite au bac pro, en parvenant à convaincre les élèves qui ne se présentent pas aux épreuves, alors qu’ils ont subi toute l’année les cours.

Didier Vin-Datiche, vice-recteur de la Nouvelle-Calédonie 

Sujet de société, le harcèlement scolaire, et la façon d’y répondre voire de l’empêcher. Avec un objectif précis pour 2024. Que tous les collèges publics soient dotés, à la fin de l’année, d’un protocole de lutte contre le harcèlement. Des documents qui sont écrits après avoir fait suivre aux équipes pédagogiques une formation de deux jours.

Encore une priorité inscrite dans la continuité. 

Pour les enseignants, en 2024, on poursuit le travail de valorisation et de simplification de leur métier.

Romain Capron, directeur de l’enseignement de la Nouvelle-Calédonie

Il s’agit d’abord d’attirer davantage de jeunes vers ces professions et de susciter des vocations. “On a obtenu des résultats très satisfaisants sur la campagne de communication menée l’année dernière », estime le responsable de la DENC. « Nous avons multiplié par 3,5 le nombre de candidats pour entrer en formation à l’IFM-NC », l’Institut de formation des maîtres. « On a aussi, en parallèle, un travail de simplification, de clarification de leurs missions. On essaie de leur fournir, de plus en plus, des outils clé en main pour leur faciliter la vie sur le terrain et qu’ils puissent se consacrer davantage à la relation à l’élève qu’à des tâches administratives. »

Exemple de nouveauté, dont le développement “a coûté vingt millions pour le gouvernement” : dématérialiser la mise en place des projets individualisés pour les enfants à besoins éducatifs particuliers. À noter aussi ce baromètre bien-être des personnels employés dans le secondaire, dont les résultats doivent être présentés « d’ici un mois », a annoncé Isabelle Champmoreau. « Pour nous, c’est un outil de management intéressant, parce qu’on voit des leviers sur lesquels on peut agir pour que les personnels se sentent mieux.

En écho aux Jeux Olympiques, accueillis par la France du 26 juillet au 11 août, un effort est mis cette année sur l’activité physique. Avec en perspective les grands enjeux de santé publique. « Il y a plusieurs actions mais on va principalement préconiser trente minutes de sport tous les jours pour nos enfants », résume Isabelle Champmoreau. « Le deuxième axe est d’être soutenus par l’Etat. L’année dernière, il y a eu la distribution de kits, du matériel de sport, dans les écoles et cette année, il va y avoir certainement un appel à projets pour faire des investissements dans les cours d’école. » 

2024 aura aussi son lot de commémorations historiques. La DENC signale la démarche entreprise par l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour “rénover” les cérémonies de l’Anzac day, marqué le 25 avril y compris sur le Caillou. Il y aura aussi les quatre-vingts ans de la Libération, qui seront marqués cette année et l’an prochain, puisque l’épisode s’est déroulé de juin 1944 à mai 1945. Les instances éducatives calédoniennes misent sur des projets concrets, pour dérouler ce travail mémoriel. 

Voyez aussi le résumé de Dave Waheo-Hnasson et Nicolas Fasquel

©nouvellecaledonie

Par ailleurs, Isabelle Champmoreau était ce dimanche l’invité du journal télévisé pour aborder ces sujets. Son entretien avec Thérèse Waïa

Source : NC la 1ère

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