Rugby 6 nations. Sipili Falatea, le Futunien : « On va en Irlande en mode commando pour gagner »

Joint alors qu’il était encore en Italie, en préparation du déplacement en Irlande, le pilier droit Futunien est confiant dans la qualité du groupe France qu’il a rejoint il y a un peu moins de deux ans. Fort de ses 8 sélections en bleu, d’un essai marqué face à l’Afrique du Sud lors de la dernière tournée d’automne à Marseille, Sipili Falatea avance avec une force tranquille qui lui permet d’aborder ce choc de Dublin en toute sérénité, en partageant même le Kava avec certains de ses co-équipiers.

La 1ère : De l’extérieur on a l’impression que cette équipe de France forme un groupe qui vit bien, comment peut-on décrire l’ambiance ? Tu peux nous en dévoiler quelques facettes ?

S.F : Dans le groupe il y a une bonne ambiance avec tout le monde, on a des bonnes affinités. Sans être complétement des potes, on s’entend tous bien. Nous les gars des îles on a chacun notre façon de faire. C’est diversifié, Tao (Romain Taofifenua)  et moi on est plus sages et observateurs. Ce sont les gamins comme Yoram (Moefana, le neveu de Sipili)  et Peato (Mauvaka, actuellement blessé) qui essaient de berner un peu tout le monde et de faire des farces. Même Uini (Atonio) avec son grand âge se prend parfois pour un gamin.

La 1ère : Une fois de plus vous vous retrouvez entre cousins de Wallis et Futuna ou de Nouvelle-Calédonie, c’est une habitude dans la performance de votre rugby. Qu’est-ce que cela vous apporte d’un point de vue personnel ?

S.F : C’est agréable, c’est une fierté de tous se retrouver ici. Chacun d’entre nous, on ne pensait pas se retrouver comme ça. Même si on n’en parle jamais assez, il y a une vraie fierté, et souvent on essaie de faire, même en stage, des trucs de tradition de chez nous. Ça nous arrive souvent de nous retrouve autour d’un kava et de discuter le soir. Et des gars comme Uini Atonio, Réda Wardi ou encore Momo Haouas nous rejoignent pour être avec nous dans ce moment qui nous est propre.

Ca nous arrive aussi de partager régulièrement avec nos proches, de leur montrer notre joie par les réseaux sociaux et aussi ce qui se passe au quotidien. Le fait d’intégrer l’équipe de France, c’est une fierté pour ma famille, qui me suit même de loin, qui regarde les nouvelles tous les jours. On parle rugby, famille, de notre enfance de notre foi et du chemin parcouru, c’est important pour moi tout ce chemin.

Presque tous les jours je remercie le ciel d’être là et surtout de faire partie de ce groupe fantastique. J’essaie d’en profiter au maximum car je sais que ça peut changer à tout moment. Avant chaque match ça m’a toujours réussi de prier, on a chacun notre façon de faire nous les Iliens. 

Sipili Falatea, pilier droit Xv de France

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Le groupe bleu motivé avant l’Irlande • ©Romain Perrocheau / AFP

La 1ère : Etre en bleu qu’est-ce que cela représente pour toi, dans ta tête, à tes yeux, dans ton cœur ?

Je le répète encore, mais c’est un sentiment de fierté bien sûr. J’ai été formé à Oneliki, l’ancien nom du club d’Afili. C’est un honneur pour moi de porter ce maillot de l’équipe de France, ça me rend fier parce que c’est un objectif de pousser les jeunes du pays pour s’inspirer du sport, leur faire savoir qu’on peut réussir sa vie en France grâce au rugby. A Wallis et Futuna on a plein de jeunes et pleins de talents, quelque fois ils n’y croient pas trop et ils lâchent avant d’atteindre les sommets. Je leur prouve le contraire. Il ne fait rien lâcher.  
En plus de ça, ceux qui ne sont pas du tout rugby, commencent à connaître Wallis et Futuna par le rugby, vu que c’était un nid perdu dans le Pacifique. On commence à savoir où c’est situé.   

La 1ère : Vous aimez parlez, vous les gars des îles du Pacifique. Tu as souvent ton grand frère au téléphone avant ou après chaque match, de quoi parlez-vous tous les deux ?

Avec Tapu, qui a huit ans de plus que moi on parle plus du poste de pilier, de la difficulté du poste au niveau international (Tapu Falatea joue à Nevers en Pro D2, après Castres et Agen). Tout est vraiment dans le détail, tout est millimétré, le moindre faux pas et c’est foutu et tu ne peux plus te rattraper dès que tu fais une faute. C’est tout une construction et une routine qu’il faut respecter jusqu’au moindre détail.

Pilier droit c’est complexe, c’est un poste qui a évolué depuis vingt ans. Il y a la technique, la vitesse, la force et l’intelligence. Il faut savoir s’adapter car chaque match se trouve un pilier différent en face de moi, avec sa technique personnelle. Le plus dur est de s’adapter et de trouver une solution pour prendre le dessus sur le mec d’en face.

Sipili Falatéa, pilier droit Xv de France

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Alors quand je rentre à la place d’Uini (Atonio) avec les bleus, j’ai toujours envie de donner le meilleur de moi-même et l’envie de faire encore mieux que la fois précédente. Et puis il y a toujours l’adrénaline du combat d’avants aussi, ça me porte. Je pense que j’ai évolué entre l’AS Montferrand et l’Union Bordeaux Bègles, mais rien n’est acquis. Même quand on pense que c’est acquis il y a toujours des surprises derrière.

La 1ère : Vous vous attendez à quoi sur ce match de Dublin ?

Là ce sera David Kilcoyne en face de moi, un client, il joue au Munster. De toute façon, c’est plus fort que l’Italie. Ce sont les numéros un mondiaux, au niveau mentalité ce sont des chiens de la casse. Je veux dire qu’ils auront envie de nous défoncer et de casser notre série de victoires, prendre leur revanche sur l’année dernière. Aujourd’hui de toute façon toutes les équipes nous attendent avec leurs armes pour nous détruire.

 (Dans le jargon Irlandais, on utilise aussi le terme de jackallers, des chacals, ces chiens sauvages qui viennent rôder dans les rucks sur les ballons qui trainent et qui sont sans pitié)

Nous on y va en esprit commando, on a été prévenu. On y va d’abord pour gagner et surtout ne pas reproduire le même match qu’on fait contre l’Italie. On sait que l’adversaire est d’un autre niveau et donc on va élever le nôtre et faire comme on sait faire. On sait qu’on a des qualités partout, ça va être costaud, on y va comme quand on prépare tous les grands matches. Et c’en sera un.

Sipili Faletea a toujours le regard tourné vers le ciel avant un match • ©Jean Catuffe /DPPI via AFP

Le point de vue de Tapu Falatea son grand frère, en déplacement avec son club de Nevers à Aix-en-Provence en championnat de Pro D2 :
« Sipili j’ai bien vu qu’il a mûri, au niveau de l’homme et même au niveau de son poste de pilier. Il a toujours les pieds sur terre, et c’est un truc que notre papa Lafaele nous avait dit, surtout ne jamais oublier d’où on vient. Il a bossé à Clermont, il a progressé au niveau mental avec le travail, car à Colomiers il était gamin quand il m’a rejoint à 18 ans. Après il a appris à être sérieux. Il a progressé aussi au niveau rugby, il lui reste encore du travail à faire, mais même à un certain âge il faut continuer à apprendre. Quand je le vois dans ses matchs il est bien.
Ça me rend fier pour ma famille, notre famille, pour notre île. C’était le rêve de mon papa Lafaele de voir les deux,Yoram et Sipili en bleu. C’est une belle histoire (Yoram est le fils de Taofifenua Falatea, le frère de Tapu. Sipili est donc l’oncle de Yoram). »

Irlande France, 2ème match du tournoi des 6 nations.
Samedi 11 février à 15 h 15 à l’Aviva Stadium de Dublin, en direct sur France 2.

 

Source : NC la 1ère

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