Textor, l’embarrassante révélation d’Aulas

Poussé vers la sorte trop vite, trop tôt, Jean-Michel Aulas nourrit de gros regrets pour son OL.

« Le football peut rendre fou », affirme-t-il, se vantant cependant d’avoir su en éviter le moindre écueil dans sa carrière de dirigeant de l’OL. Contraint de céder la main à l’Américain John Textor il y a peu, Jean-Michel Aulas regrette l’évolution du ballon rond. « Le football est entré dans une forme de démesure avec les clubs-Etats, souffle-t-il dans un long entretien accordé à La Tribune. Les investisseurs traditionnels en sont exclus. On parle de salaires entre 100 et 200 millions par joueur ! Nous sommes entrés dans un processus inflationniste sans limites, un peu comme le marché de l’art avec les prix des toiles et des sculptures qui s’envolent dans les salles de ventes. Ceci est le résultat de la non-régulation en France et en Europe. Il faudra réguler le football sinon ce sport court à la catastrophe avec des faillites et des scandales. »

Son éviction programmée des commandes de l’OL, l’intéressé ne la range pas parmi les scandales mais il n’en est pas moins amer, trop vite éclipsé à son goût. « 36 ans et 76 titres toutes compétitions confondues, ce qui est unique dans l’histoire du football. Ce bilan est éternel. […] J’ai vendu parce que mon associé Jérôme Seydoux, beaucoup plus expérimenté que moi, a souhaité vendre et l’annoncer publiquement, exprimant ainsi la volonté de rationaliser les investissements de son groupe. Ça s’est fait rapidement. Je l’ai appris presque par hasard à la veille d’un quart de finale de l’OL à Porto. Evidemment, cela a précipité mes propres choix car je ne voulais pas vendre de cette manière-là. »

« J’ai quelques regrets »

Pas de cette manière-là, et manifestement pas à Eagle Football Holdings et à John Textor. Dans son interview à La Tribune, « JMA » rembobine le fil de la vente: « Je reçois six offres sélectionnées par la banque américaine Raine. J’en choisis une, celle de Foster Gillett, qui n’est pas celle qui sera retenue. On me fait comprendre que la banque en préfère une autre. Initialement, je n’aurais pas tout vendu, peut-être même que je n’aurais pas vendu du tout. J’accepte, mais je pose comme condition que le candidat à la reprise reprenne une grande partie du capital. J’ai quelques regrets, mais je tourne la page tout en gardant un œil très attentif, puisque je reste actionnaire de l’OL Groupe, via ma société Holnest, à hauteur de 9%. »

A ce titre, Jean-Michel Aulas ne se prive pas de pointer les manquements de son successeur, notamment face à la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) tout récemment – une instance liée à la Ligue de football professionnel (LFP) qui a confirmé en appel ce mardi le contrôle de la masse salariale et des mutations de joueurs de l’OL. « L’issue de l’appel devant la DNCG était malheureusement prévisible, dès lors que les garanties demandées n’étaient pas satisfaites. Je suis dépité. Je le suis à plusieurs titres. D’abord parce que quand le club que j’ai dirigé pendant 36 ans traverse une passe difficile, ça me fait mal, c’est charnel, et j’en souffre. Ensuite, je le vis d’autant plus mal que la situation était parfaitement évitable: il y a 3 mois, le dossier que j’avais transmis à la DNCG visait à obtenir une prévision de résultat de 90 millions d’euros en actionnant 4 leviers différents: refinancement du stade, cession d’OLW, cession d’OL Reign, cession de joueurs. Ces leviers étaient tous initialisés depuis mars-avril 2023… mais la DNCG fait son travail de vérification et elle traduit en actes ce qu’elle voit. Aux nouveaux dirigeants désormais d’apporter les bonnes réponses. »

Source : Sports.fr

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