Jeux du Pacifique 2023 : cinq sélections calédoniennes à la loupe

Le judo, dix fois médaillé d’or à Samoa, fera partie des délégations calédoniennes scrutées à Honiara. Comme le volley-ball féminin titré en 2019 ou le surf-ski pour sa première apparition aux Jeux. Focus également sur l’haltérophilie en regain de forme, et le basket-ball 5×5.

En l’espace de quatre ans, le contexte d’une discipline peut rapidement évoluer. C’est d’autant plus le cas aux Jeux du Pacifique lorsque l’Australie décide d’envoyer ses troupes, pour grapiller des points de qualification en vue des Jeux Olympiques ou de faire gagner en expérience ses équipes de « développement ». A Honiara, nos grands voisins vont revenir et ils seront présents en judo, chasse gardée des Cagous. Il y a quatre ans, leur bilan était de 10 médailles d’or sur 18 possibles : deux par équipes, les autres en individuel.

Cette fois, la donne pourrait changer explique Abedias Trindade de Abreu, entraîneur de l’équipe calédonienne. « On avait jusqu’ici des configurations de combat favorables. Aujourd’hui, on a toujours confiance dans notre discipline, mais il y a une concurrence supplémentaire avec ces Australiens, quatre garçons et autant de filles, relativement jeunes. On les suit parce qu’ils font beaucoup de tournois de préparation. On veut ramener le plus de médailles d’or, si possible au même niveau qu’en 2019. »  

Teva Gouriou aux Jeux du Pacifique 2019 à Samoa • ©DR

Le leader sera Teva Gouriou, champion de France 2e division dans sa carrière, et habitué des Jeux du Pacifique. Une aventure commencée en 2007 à Apia, avec de l’argent autour du cou (- de 81 kg). Quatre ans plus tard à Nouméa, c’est de l’or en moins de 90 kilos et en toutes catégories. Il a triomphé à nouveau à Samoa lors de la dernière édition, cette fois en plus de 100 kilos. Avec lui, les judokas cagous n’ont jamais perdu le classement par équipe messieurs.

Il sera accompagné de Jason Appavou, champion en titre moins de 73 kilos et en open, et de Vincent Néris. Les jeunes frères Falevalu, particulièrement en forme, figurent eux aussi dans l’équipe. « Je ne suis pas vraiment stressé parce que j’ai disputé d’autres grosses compétitions, d’un niveau plus relevé que les Jeux du Pacifique. Cette année, en première division, je me suis classé 7e chez les cadets plus de 90 kilos. C’était déjà un beau parcours », confie Ponove, 17 ans. Aux Jeux, lui et Maasi marcheront sur les traces de leur cousin, Luca, ex-sélectionné judo sous le maillot cagou.

Deborah Bocahut (à gauche) va connaître ses premiers Jeux du Pacifique à 17 ans. • ©Christian Favennec

Côté féminines, la championne du Pacifique en titre des moins de 57 kilos, Rosa Delots, ne sera pas du voyage à Honiara. À la différence de Jaycee Brival qui défendra son bien en open. Elle reviendra pour l’occasion de l’Hexagone où elle a connu de beaux accomplissements, avec un sacre en 3e division et une deuxième place en équipe aux championnats de France 1ère division avec Sainte Geneviève Sports.

Deborah Bocahut, originaire de Ouégoa, vivra, elle, ses premiers Jeux, à 17 ans. « J’ai hâte de participer. On fait des entraînements de sélection et en club toute la semaine. On a aussi fait des stages pendant les vacances. Avec la sélection, on fait des combats de 1 à 3 minutes qui correspondent à la durée des confrontations en compétition, en incluant les pauses. Cela nous entraîne pour le jour J. Je suis un peu stressée avant le départ, mais aussi assez confiante. Il y aura les Tahitiennes et les Australiennes, on verra bien. Ce sera important pour moi de bien représenter le pays et ma commune. »

Au total, 6 des 7 pensionnaires du pôle judo dirigé par Fabrice Mathieu font partie de la sélection. Un mélange de jeunesse et d’expérience.

Retrouvez ci-dessous le portrait de la sélection judo et celle de l’haltérophilie

©nouvellecaledonie

Une célébration à la hauteur de l’attente. • ©Christian Favennec

C’était l’un des temps forts des 16e Jeux du Pacifique : la finale féminine de volley-ball, remportée au bout du suspens contre les Tahitiennes. Menées 2 sets à 1, les coéquipières de Sarah Nehoune dominent le quatrième 25-16, avant de finir le travail au tie break 15-10. Une folle ambiance gagne la salle de l’université nationale de Samoa.  » C’était l’apothéose, se souvient Willy Adjouhgniope, le sélectionneur. Les anciens sont tous descendus des tribunes pour nous féliciter. La dernière finale gagnée en volley datait de 1987 pour les hommes et 1975 pour les femmes ! Pendant très longtemps, Tahiti a gardé la mainmise sur la discipline. En 2015, les Samoa américaines les ont stoppé. En 2019, c’est nous. Le volley-ball à Tahiti est un sport majeur comme le football. Ils ont 5 000 licenciés et un super championnat. Il y a de la constance dans le jeu, de la discipline. Nous, on est moins réguliers. »

L’exploit reste dans les coeurs et désormais, il faut tenir ce rang avec une équipe très largement remaniée. Sarah Nehoune, passeuse de l’AS Païta et des Cagous, fait partie des trois seules rescapées avec Armonie Konhu (ex-Quimper en Elite, Poitiers) et Liwenda Manuohalalo.  » Il faut tout recommencer, c’est une nouvelle compétition. On s’est bien préparées avec un stage en Nouvelle-Zélande qui s’est bien passé. On a travaillé la cohésion d’équipe, et je pense qu’on peut faire encore quelque chose cette année « .

44 ans après, la sélection féminine de volley-ball ramène la médaille d’or des Jeux du Pacifique. • ©DR

Il faudra le faire cependant sans deux éléments majeurs. Sabine Haewegene, appelée plusieurs fois en équipe de France, est en plein championnat avec le VBC Chamalières, neuvième de la Ligue A (la 1re division) après six journées. Ramana Ariioehau- Avaemai (Bordeaux-Merignac, 2e division) est elle retenue par Bordeaux-Merignac en Elite, la 2e division. Deux joueuses passées par Issoire, Coralie Poma et Deborah Rokuad, n’ont de leur côté pas donné de nouvelles.

Le groupe a malgré tout de solides atouts. « Depuis le mois de janvier, avec les nouvelles filles qui ont intégré le groupe, on a créé des liens pendant les entraînements, tout au long de l’année, pendant les week-ends. On a travaillé la relation entre les passeuses et les attaquantes, et les attaquantes entre elles. Ça va, ce sont des filles du pays qui sont licenciées ici après avoir joué en métropole. On se connaît, et ca se passe bien », témoigne Sarah. Parmi ces éléments revenus au pays, on citera la centre Blanche Nyipie et la réceptionneuse-attaquante Melyssandre Eatene, toutes deux championnes de nationale 3 avec Nîmes et qui ont évolué en N2. Melyssandre avait été désignée meilleure joueuse du tournoi aux derniers Jeux. « On espère qu’on va continuer sur notre lancée », confie Willy Adjouhgniope. 

Les sports collectifs en image : basket-ball 5×5 et volley-ball féminin

©nouvellecaledonie

Le surf ski sera introduit pour la première fois aux Jeux du Pacifique aux iles Salomon • ©C. Favennec

C’est inédit : le kayak de mer ou surf ski fera son apparition aux Jeux du Pacifique où il concernera pas moins de six nations dont le pays hôte, mais aussi la Nouvelle-Calédonie, Tahiti, Samoa, les Iles Cook et les Mariannes du Nord. L’embarcation de 20 kilos et 5,80 mètres de long a ses spécificités.  » Le surf ski n’a pas de balancier. Trouver la stabilité est un peu plus technique. On a le palonnier derrière qui permet de se diriger et une double pagaie que l’on ne retrouve pas en va’a où l’on a qu’une rame. En terme d’assise, d’équilibre, de façon de ramer, c’est un peu plus technique », analyse Benjamin Legavre.

Leader de la sélection, il a commencé le kayak de course en ligne dans l’Hexagone sur l’eau plate. Sur le territoire, il s’est orienté vers une variante toute trouvée. « Quand je suis arrivé en Nouvelle-Calédonie, il y a un peu plus de dix ans, j’ai essayé le kayak en mer. Il y a plein de belles choses à faire ici. On a un terrain de jeu exceptionnel. J’ai goûté aussi au va’a et j’y ai pris beaucoup de plaisir. »

Benjamin faisait partie de la sélection V12 qui a battu les Tahitiens lors des derniers Mini-Jeux de Saïpan. Cette année, il s’est classé troisième du Te Aito en surf ski à Tahiti derrière un Australien et un Néo-Zélandais. Habitué à passer d’un support à l’autre, il s’alignera sur les deux épreuves à Honiara, comme son compère Titouan Puyo. « En 2013 déjà, j’avais participé aux mondiaux de surf ski et on était aussi présents à ceux de Quiberon il y a quelques années. A l’échelle internationale, on a vu qu’on avait du travail à faire. Au niveau régional, on sait que la concurrence sera forte aux Salomon avec Tahiti. On les connaît. Benjamin est allé pratiquer là-bas et moi-même, quand je m’y suis rendu, je l’ai fait avec les gars sur place. » Une équipe masculine calédonienne qui compte également dans ses rangs Christophe Barielle du KCN.

Nathalie Viratelle et Charlotte Robin en K2, le surf ski ou kayak en mer 2 places. • ©C. Favennec

Chez les filles, elles sont quatre sélectionnées, elles aussi appelées à naviguer en va’a et kayak. Si Charlotte Robin est davantage connue pour son passé de nageuse et de triathlète, deux disciplines qui l’ont emenée aux Jeux, elle s’est reconvertie dans la rame, avec quelques repères. « Pendant mes études en métropole, je faisais du sauvetage côtier et le kayak faisait partie des moyens d’intervention. Le va’a, je l’ai commencé l’année passée. Je ne savais pas qu’il serait aux Jeux en 2023, expliquait-t-elle après avoir remporté les 16 km de la course d’ouverture de la saison, en K1, au Kuendu beach.

Dans sa nouvelle sélection d’adoption, elle sera accompagnée d’une amie fidèle, qui a elle aussi changé de sport et l’a suivie : Nathalie Viratelle. « Passer dans un sport d’équipe c’est trop bien. On est une bonne équipe, on s’entend bien, il y a une belle cohésion. Je crois finalement que je m’oriente plus vers les sports collectifs et que je délaisse un peu les sports individuels, confie l’ancienne triathlète présente aux Jeux 2015 et 2019. Myriam Wejieme et Fabienne Devambez complètent l’équipe des kayakistes féminines. 

Philippe Le Poul, entraîneur de la sélection calédonienne de kayak • ©Christian Favennec

Un groupe qui était en pleine préparation finale pour le 500 mètres mercredi dernier, suivant à la lettre les consignes de Philippe Le Poul. « Il faut vraiment qu’on bosse la capacité à tenir les 250 derniers mètres avec les avant-bras qui se chargent en acide lactique, c’est là que la différence se fait. » L’entraîneur des Cagous est un ancien international tricolore en kayak, et coach de l’équipe de France de slalom en eau vive aux Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992.  » C’est beaucoup d’équilibre directionnel, de stabilité, et aussi de l’équilibre dans le coup de pagaie. Il faut être synchro. » A Honiara, huit courses sur 500 mètres et 16 kilomètres (distance marathon) seront au menu en K1 et K2. 

En vidéo : la présentation de la sélection surf ski

©nouvellecaledonie

Source : NC la 1ère

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.