La fin des rejets de carcasses de requins au large de la passe de Dumbéa

En réaction à la pétition en ligne lancée la semaine dernière par le collectif des usagers du récif de Dumbéa, la mairie de Nouméa a décidé de changer de mode d’évacuation des carcasses de squales. Désormais, les spécimen abattus, dans le cadre des campagnes de régulation, ne seront plus jetées en mer mais enfouis.

Alix Maddec (Loreleï Aubry) • Publié le 14 avril 2023 à 11h25, mis à jour le 14 avril 2023 à 11h30

Avec plus de 620 signatures, elle s’est révélée très efficace. La pétition en ligne lancée par le collectif des usagers du récif de Dumbéa et des îlots avoisinants demandait l’arrêt du rejet, au large de la passe de Dumbéa, des carcasses de requins abattus lors des campagnes de « prélèvements ». Des opérations menées par la ville de Nouméa en partenariat avec la sécurité civile. Ce jeudi, la mairie a finalement décidé de renoncer à cette méthode d’évacuation très contestée. 

Il faut dire que ces dernières semaines, les témoignages de pêcheurs, surfeurs et autres plongeurs, se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Certains usagers de la mer faisant savoir leur étonnement de voir des carcasses de requins être jetées près de la passe de Dumbéa, l’un des spots de surf les plus connus de Nouvelle-Calédonie. « Je passais voir s’il y avait des vagues. C’est là que j’ai vu la barge avec des gens qui jetaient des trucs à l’eau… j’ai tout de suite compris que c’était en lien avec les pêches de requins, et que leurs carcasses étaient jetées à la flotte… » relate Cédric. 

Ce qui m’inquiète c’est que je vois de plus en plus de requins bouledogues au large. Avant, quand on surfait dans la passe, on n’en voyait pas, on n’y pensait pas. Mais là, on devient de plus en plus vigilant.

Cédric, surfeur

La pétition, lancée le 7 avril dernier, visait à alerter les autorités sur l’urgence de cesser les rejets dans la zone. Car selon Colin Sifferlen, à l’origine de la pétition, les conséquences de cette méthode pourraient être dramatiques. Le surfeur s’inquiète que les squales soient désormais de plus en plus nombreux à occuper la zone. 

« Après que de nombreux plaisanciers aient aperçu la barge qui transportait les cadavres de requins au niveau de la passe, nous nous sommes renseignés auprès de différents professionnels » explique Colin Sifferlen, « Il nous a été confirmé que les largages de carcasses se faisaient parfois juste à la sortie de la passe. Nous avons appris que la distance de largage serait officiellement fixée à 3000 nautiques. Mais ce qui nous inquiète, n’est pas tant le respect ou non de cette distance, que les conséquences d’un largage en mer, à 3000 ou 9000 nautiques. Car ces distances ne représentent rien pour les requins. Une fois qu’ils sont attirés sur une zone, on peut imaginer ce qui se passe après… »

Une inquiétude entendue par la mairie qui a pris la décision ce jeudi de revenir à la précédente méthode d’évacuation des squales. Eric-Marie Maugard, directeur de cabinet de la maire de Nouméa, explique ce qui a motivé cette décision : « Lors de la dernière campagne de régulation, les requins étaient déposés par 4000 mètres de fond, à cinq kilomètres au large de la passe de Dumbéa. Mais au vu des commentaires postés sur facebook et des craintes des usagers (surfeurs et plaisanciers), nous avons décidé à la mairie de reprendre le mode d’évacuation qui avait été fait l’année dernière, à savoir une évacuation des carcasses sur le centre d’enfouissement de Gadji. » 

A la question de savoir pourquoi cette méthode avait été abandonnée au profit d’un rejet en mer, Eric-Marie Maugard répond que « Nous étions dans l’urgence, des attaques venaient juste de se produire, il fallait réagir vite et selon les pêcheurs et les personnes en charge de ces opérations, ce mode d’évacuation à la passe de Dumbéa ne posait pas de problème au niveau technique. Maintenant, nous entendons les craintes des usagers et nous les prenons en compte. »

En dépit de cette annonce de la mairie, certains usagers de la passe de Dumbéa restent dans l’angoisse de voir rôder les requins durablement dans la zone. A l’image de Cédric, qui assure que, malgré l’arrêt des rejets de carcasses en mer, les opérations menées jusque là auront des conséquences sur le long terme. « En allant alimenter de manière régulière et précise, deux, trois ou quatre fois, les requins, on le voit bien, l’impact est durable. Si on alimente les requins dans une zone, il faut six mois ou un an avant qu’ils ne quittent la zone. » 

Neuf opérations d’abattage de requins tigres et bouledogues sont programmés jusqu’à la fin de l’année. La prochaine débute le 17 avril prochain.

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Source : NC la 1ère

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