Gasquet-Tsonga-Monfils, la génération dont on s’est trop moqué ?

L’absence de Français au 3e tour de Roland-Garros nous amène à porter un regard différent sur la génération des Gasquet-Tsonga-Monfils, qui n’a jamais remporté de tournoi de Grand Chelem, mais dont le niveau moyen était très bon. Ces joueurs-là, qui approchent de la fin de leur carrière, regrettent aujourd’hui le traitement dont ils ont pu faire l’objet.

« Oui c’est la fin d’une époque, c’est vrai. » Même s’il vient d’être battu par Rafael Nadal, un joueur qui a fêté ses 35 ans en affichant un niveau de jeu toujours épatant, Richard Gasquet l’avoue sans mal : sa génération, celle des Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon, approche de la fin de sa carrière. Elle commence « à fatiguer », reconnaît-il, même si Monfils « a plus de saisons que nous à jouer ». « Pour nous, c’est déjà bien d’être encore là », dit-il.

« On a été une belle génération, explique Gasquet. On était dans les 10, les 20 premiers. On était très souvent en 8e, en quarts. Il y a eu des mecs qui étaient en demie. On ne se posait pas la question. » La question de savoir s’il y avait un problème de renouvellement, si un Français était en mesure d’atteindre la deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem. La réponse était oui. Cette génération a souvent été critiquée parce qu’elle n’a pas décroché le Graal à Roland-Garros, Wimbledon ou à l’US Open, et parce qu’elle a dû attendre 2017 avant de soulever la Coupe Davis.

Mais à l’ère du Big Three Djokovic-Nadal-Federer, elle a accumulé les places d’honneur : une finale de Grand Chelem pour Tsonga, des demies pour Monfils et Gasquet, des quarts pour Simon. Une belle pelletée de titres (au moins 10 chacun), et surtout une présence régulière dans les hautes sphères du classement ATP : Top 5, Top 10 ou 15. Bien sûr qu’il manque le « gros truc », que les attentes étaient plus élevées, qu’il y avait probablement la place pour faire mieux. Cette génération a été critiquée, parfois moquée, à juste titre ou non, à cause notamment de ce surnom de « Mousquetaires » qu’elle n’avait pas réclamé. Mais à l’heure où le tennis français est éjecté de Roland-Garros après seulement deux tours, c’est un bilan qui peut laisser envieux, voire déjà nostalgique. Parce que l’on ne semble pas près de revoir cela.

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« Quand il y a 4 joueurs qui commencent à fatiguer un peu, c’est à la relève de prendre le dessus. J’espère que cela va arriver le plus vite possible », a confié Gasquet. Qui ne veut surtout pas noircir le tableau: « Je pense qu’il y a des très bons joueurs derrière. Je pense qu’il faut essayer de les pousser, que les anciens les aident un peu et voilà que tout le monde essaie de se tirer vers le haut. On sait que c’est une période difficile pour tout le monde. Il faut justement essayer d’aider tout le monde pour qu’il y ait une belle génération qui arrive dans le tennis français. C’est important pour tout le monde. »

« Il y avait ‘des trucs’, une musique française… »

Le positivisme, c’est ce que réclamait Tsonga il y a quelques jours, en abordant le même sujet. Le Manceau, meilleur joueur français de ces 20 dernières années, a aussi évoqué le fait que sa génération avait été « tirée vers le bas », par moment, par l’ambiance qui régnait autour d’elle. Gasquet abonde : « De temps en temps tu sens un peu de défiance. Ce n’est pas toujours évident quand tu arrives, que tu es jeune, que tu es jeté dans la fosse à Roland-Garros. J’ai senti de temps en temps des choses difficiles, des médias, du public, même des anciens joueurs. Je n’ai pas toujours senti une bienveillance énorme de tout le monde. Jo c’est pareil. Après, ce n’est pas pour cela que l’on n’a pas gagné un Grand Chelem ou non. Il n’y a pas de problème à cela. Sincèrement on ne blâme personne mais de temps en temps, il y avait des Coupe Davis. Il y avait des ‘trucs’. Une musique derrière qui est assez française. Je ne sais pas dans les autres pays comment cela se passe mais en France ce n’est jamais évident. Après le grand public est fabuleux. Roland-Garros est exceptionnel. »

En tant que futur ancien joueur, Gasquet espère adopter un autre comportement avec les générations suivantes. « J’ai envie que l’on essaie d’aider ces jeunes. On sait qu’aujourd’hui c’est un moment un peu difficile. On doit jouer avec les jeunes, essayer qu’ils arrivent à progresser, qu’ils soient bons. Être bienveillant avec eux, et que tout le monde sorte un peu de ce marasme qui est là aujourd’hui. A 18, 19, 20 ans, je n’ai pas toujours senti tout le monde derrière moi. »

De la même manière, à l’heure où certains réclament une révolution vu les résultats désastreux de ces derniers mois, Gasquet estime qu’il ne faut pas être trop pessimiste concernant la méthode française pour développer les joueurs (si tant est qu’elle existe, car les méthodes évoluent au gré des changements à la tête de la FFT et de la DTN). « Changer dans la formation, c’est compliqué, pose Gasquet. Il y a 5 ans, on disait que la formation française était la meilleure du monde. Tout le monde nous enviait la formation. On disait : les Français, c’est fabuleux, ils ont 15 joueurs dans les 100. Dès qu’aujourd’hui c’est plus difficile on dit qu’il faut tout changer. Après, c’est compliqué. Je pense qu’il y aura toujours des très bons joueurs en France. J’espère juste qu’il y aura des joueurs dans les 5, 10 premiers mondiaux. C’est cela qui est important. Des Federer, des Nadal, des Djokovic, des Murray, tu n’en as pas partout (…) Il faut aider tout le monde pour que tout le monde arrive à mieux jouer surtout les jeunes parce qu’il y a une fin de cycle sur beaucoup de joueurs et il faut qu’il y ait des jeunes joueurs qui arrivent. Il faut y croire et que les mecs se bougent et qu’il y ait une belle génération qui arrive. » Le temps presse…

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Source : Sports.fr

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